La présentation du projet de loi scolaire par le Premier ministre aujourd'hui était plutôt confuse et superficielle, malgré son éloquence habituelle et les inévitables diapositives. Le sujet est clairement un peu difficile pour lui. Attendons donc la lecture du texte pour une analyse plus approfondie.
Nous trouvons encore significatif le recul par rapport au contenu du rapport Buona Scuola : et heureusement. Le changement d'orientation concernant la carrière des enseignants est clair. Il est enfin reconnu que leurs salaires, déjà fortement affectés, ne peuvent être davantage réduits, comme le ferait une modification de la progression à l'ancienneté, seule façon de préserver leur pouvoir d'achat. Nous le disons depuis des mois ; il est bon de constater enfin une certaine attention.
Concernant les embauches, pierre angulaire du projet Buona Scuola, nous avons appris que les 150 000 embauches tant annoncées ont été réduites à environ 100 000. Sont exclus des contrats à durée indéterminée (CDI) les nombreux travailleurs temporaires ayant des années d'ancienneté, mais non répertoriés dans le GAE. Ceci malgré les obligations imposées par la législation européenne et l'arrêt de la Cour de justice.
Ce qui est encore plus inquiétant, c'est le flou des références à des questions extrêmement sensibles, comme l'embauche, le déploiement et l'évaluation du personnel, avec une vision quelque peu désinvolte du rôle du directeur d'école ; les écoles autonomes n'ont certainement pas besoin de directeurs d'école, et encore moins d'administrateurs uniques, lorsque la gestion partagée et participative de toutes les parties prenantes de la communauté scolaire est cruciale pour la qualité de l'offre éducative.
La succession incessante d'annonces et de reports jusqu'à présent démontre également les limites d'un projet porté par des ambitions grandioses, mais dont les faiblesses fondamentales sont de plus en plus évidentes. Cela s'explique également par le fait que, malgré l'accent mis sur la consultation en ligne, son développement n'a pas bénéficié de l'implication de l'acteur clé de tout processus d'innovation véritable : l'organisme professionnel qui doit le mettre en œuvre. Nous avons vu des professionnels de l'éducation marginalisés et leurs représentants ostensiblement privés de toute considération.
Ces derniers jours, le système scolaire a envoyé des signaux clairs lors des élections de la RSU, avec une participation électorale oscillant autour de 801 TP3T et un consensus de plus de 921 TP3T parmi les syndicats signataires du contrat national. Un regain de sagesse conseillerait au Premier ministre, abandonnant ses ambitions de décret, de s'ouvrir enfin à l'écoute et à la prise en compte de la réalité de ceux qui travaillent dans les écoles, qui ont toujours été à l'avant-garde du véritable changement et qui œuvrent quotidiennement pour garantir l'exercice d'un droit fondamental de la citoyenneté.